«Passionné de cinéma depuis toujours, jusqu'au point de vouloir en faire non seulement son métier (il est diplômé de l'Esec) mais sa vie, Christopher Poulain est avant tout curieux des êtres, de leur sensibilité, de leur singularité, de leur fragilité, de leurs failles comme de leur rayonnement – et même, parfois, de leur violence... C'est ce qui l'a tout naturellement amené à la photographie. D'abord parce qu'il peut y travailler ses cadres et ses lumières pour ses films à venir, s'entraîner à diriger ses "acteurs", et surtout parce qu'il peut s'approcher au plus près de la vérité de ses modèles – gens "ordinaires", actrices, acteurs, personnalités... Mais on ne change pas les rayures du zèbre. Et assurément films et photos sont bien réalisés par le même homme. Et révèlent la même curiosité, le même regard empathique et bienveillant, la même sensibilité à fleur de peau, la même douceur, la même acuité, voire la même interrogation. Pas étonnant que visages et gros plans y tiennent une place essentielle. Comme s'il y avait dans cette attention infinie à la fois le désir de révéler la vérité de ces êtres que la vie a mis sur son chemin ou qu'il est allé chercher, et la volonté de se les approprier et d'alimenter sa propre soif de romanesque, bien convaincu qu'il est que chacun a cette dimension pour peu qu'on s'y intéresse. Chaque visage observé, filmé, photographié, porte ainsi en soi la possibilité d'une histoire. Photos et films sont autant de moments d'abandon, de complicité, d'intimité qu'il nous donne à partager tout en nous ouvrant une porte sur l'imaginaire. Comme s'il ne cherchait pas tant à percer le secret des êtres qu'à magnifier leur mystère.»

Jean-Pierre Lavoignat